Synopsis :

Ruka vit avec sa mère, tout en se consacrant à sa passion, le handball. Hélas, elle se fait exclure de son équipe le premier jour des vacances et, furieuse, décide de rendre visite à son père, à l’aquarium où il travaille. Elle y rencontre Umi, qui semble avoir le don de communiquer avec les animaux marins, ainsi que l’énigmatique Sora. Devant le mystère que représentent ces deux garçons hors du commun, Ruka, fascinée, entreprend de percer le secret de l’univers, à mi-chemin entre la réalité et le surnaturel.

Les enfants de la mer

Critique :

Il y a des films qui ne sont pas évidents à critiquer, mais auxquels il faut tout de même s’attaquer. « Les enfants de la mer »… le plus beau film d’animation qu’il m’ait été donné de voir. Mais certainement le plus étrange aussi.

D’emblée, je peux vous l’annoncer : vous allez être subjugués. D’un point de vue purement artistique, les images sont à couper le souffle. Les fonds marins d’un bleu éclatant, le ciel étoilé, le crépuscule sur le littoral projetant une lumière rougeâtre, les animaux aquatiques et insectes minutieusement détaillés, les typhons et bulles qui valsent autour de nos personnages, le cosmos, les feux follets et météorites, la féérie du plancton bioluminescent. Cet animé est un hymne à la sauvegarde de la biodiversité. Prenez le temps d’admirer et d’apprécier la faune et la flore sous-marines, car elles n’ont jamais été aussi sublimées. Devant nos yeux émerveillés se déploie une fresque de couleurs, chatoyantes, diaprées, en un mot : magiques. Et dans ces paysages grandioses évoluent des personnages qui capturent notre regard, notamment lorsqu’il s’agit de la beauté angélique, presque surnaturelle, de Sora. Cheveux mi-longs blonds, grands yeux océan, peau d’albâtre, ce petit être malingre nous fascine. Sora signifiant « ciel » en japonais, il me fait penser à un cygne d’une élégance sans nom. Et puis, sillonnant les flots parmi ses compagnons aquatiques, on a Umi, « mer » en langue nippone, qui nous captive davantage de par ses talents de nageur que pour son apparence plus banale. Il y a aussi l’océanologue aux cheveux longs, à l’allure de junkie au prime abord, la jeune Ruka qui court dans tous les sens et dont les yeux changent selon le décor, Dede qui dénote de par sa laideur dans cet univers magnifique (désolée, mais on t’aime quand même). Et pourtant, parmi ces scènes majestueuses, on peut distinguer aussi des recoins plus sombres, des abysses inexplorés, l’imposante baleine qui avale tout sur son passage, mais aussi des animaux plus rares, inconnus d’un public tel que moi (je remercie l’expertise de mon meilleur ami qui a su mettre des noms là-dessus ; j’avais le droit à un documentaire animalier en live).

Bon, si le film est indéniablement un véritable chef-d’œuvre visuel... côté scénario, théories cosmologiques qui lient l’origine du Monde à la vie… c’est plus compliqué. Honnêtement, je suis certaine que l’analogie, et la réflexion qui en découle, doit être super intéressante. Le problème c’est qu’elle n’est pas suffisamment intelligible, à mon sens. Le film glisse vers un onirisme croissant, renforcé par les feux follets, les alternances jour/nuit, la présence de Sora et Umi, deux êtres en même temps si fragiles et si mystérieux… et ce merveilleux s’entremêle aux réflexions métaphoriques et philosophiques sur la place de l’Homme au sein de la nature, de l’univers, etc… Du coup, on se retrouve bouche bée devant un méli-mélo de couleurs et de tourbillons lumineux, sans trop comprendre le pourquoi du comment. L’émerveillement se mue alors en gros point d’interrogation, et on est comme dérouté par l’effet d’une quelconque drogue.

En somme, Sora et Umi deviennent davantage des guides spirituels pour la jeune Ruka, sur la route du pardon. Parce que oui, elle s’est vengée d’une camarade de classe en lui cassant le nez… Pas bien Ruka. Très colérique, boudeuse au début du film, elle prend conscience des enjeux bien supérieurs à ses caprices de gamine susceptible. Sora et Umi peuvent disparaître du jour au lendemain, ne laissant ainsi que des réminiscences derrière eux. Parce que, en définitive, ils n’appartiennent pas et n’ont jamais appartenu à ce monde ; ils sont des êtres semblables certes, mais différents aussi. Au final, seuls les souvenirs des uns et des autres les feront vivre et laisseront une trace de leur passage dans ce monde. Je vais reprendre les termes du journal « le Monde », parce que je crois qu’ils ont saisi l’essentiel : on comprend alors que « chaque être est dépositaire d’une part du cosmos, qui relie le plus infime de ses atomes aux plus hautes sphères du firmament. » Et toute l’animation abstraite, psychédélique même, tend à impressionner, dérouter, nous interroger sur notre place, aussi ridicule puisse-t-elle sembler, au sein de ce tout, de cette immensité qu’est l’univers. Cela dépasse peut-être notre entendement à l’échelle humaine, mais notre vie compte et peut faire la différence. Il ne faut pas la gâcher, jamais.

Si vous avez l’occasion de découvrir cette fable écologique et psychédélique, cet hymne à la nature, accompagné de la fabuleuse chanson de Kenshi Yonezu, « Spirits of the Sea », foncez. Faites comme moi, ne vous prenez pas la tête avec toute la réflexion sous-jacente du film, mais admirez en simplement le côté artistique. Retombez en enfance (vous savez, quand vous étiez encore innocents) et vos yeux s’écarquilleront devant la beauté d’un monde naturel, préservé momentanément de toute pollution humaine.