Synopsis :

Dans un vain espoir de ressusciter leur mère, Edward et Alphonse Elric utilisent une technique interdite relevant du domaine de l’alchimie : la transmutation humaine. Seulement, l’expérience tourne mal : Edward perd un bras et une jambe, Alphonse son corps, et son esprit se retrouve prisonnier d’une armure. Devenu un alchimiste d’Etat très puissant, Edward, surnommé « Fullmetal », se lance, avec l’aide de son frère, à la recherche de la pierre philosophale, leur seule chance de retrouver leur état initial…

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« Alors que les humains sont bien plus faibles que les homonculus, que ces mêmes humains peuvent faire fausse route ou être découragés, ils se relèvent toujours pour lutter. Ils s’entraident pour se relever. Et tu envies ces humains. […]

Nous sommes faibles et mortels, en effet. Mais ça nous pousse justement à lutter pour vivre et à devenir plus fort. Même si notre progression te semble inutile, à chaque pas, nous bâtissons quelque chose. Alors, les choses peuvent changer. Nous n’abandonnerons jamais ! Même si on nous piétine, même si nous tombons, nous nous relèverons encore et encore ! […]

Une leçon obtenue sans douleur n’apporte rien. Car l’être humain ne peut rien obtenir sans sacrifice. Mais lorsqu’il arrive à surmonter cette douleur, il devient invincible. Il obtient alors une âme puissante. Une âme Fullmetal. »

Critique :

ATTENTION COUP DE COEUR ! Ça arrive si peu qu’il faut le dire, le crier même. Fullmetal Alchemist est un animé dont vous ne sortirez pas indemne, je vous le garantis. Et pour cause : toutes les émotions sont au rendez-vous. Le rire. Les larmes. La joie. La haine. L’horreur. L’amour. Bref, mon cœur a fait des loopings et il est marqué indélébilement par la quête des frères Elrich.

Les gros point fort c’est le développement de l’animé, du point de vue de l’univers et des personnages. L’alchimie est une science ô combien intéressante, qui fonctionne sur le principe d’échange équivalent. Si elle permet de comprendre, décomposer et recomposer la matière, elle possède néanmoins des limites : il est impossible de créer à partir du néant. Pour obtenir quelque chose, il faut sacrifier autre chose en retour. Et ça, les frères Elrich l’ont appris à leurs dépens. Dès l’épisode 2, le spectateur est plongé dans l’horreur devant la cruauté de la situation. Pour retrouver leur mère décédée, les deux enfants vont violer le tabou suprême de l’alchimie, en ayant recours à une technique interdite appelée « transmutation humaine ». Dans le processus, Ed et Al perdent chacun quelque chose ; le premier son bras et sa jambe, le second son corps intégral. Dans un moment désespéré, l’aîné va tenter le tout pour le tout et sceller l’âme de son frère dans une armure, en hurlant des mots qui m’ont, personnellement, brisé le cœur : « Prenez ma jambe, mon bras, prenez même mon cœur ! Mais rendez-le moi ! C’est mon seul frère ! » Alors oui, forcément, dès le commencement j’ai su que je tenais là un sacré bijou. Quelques épisodes plus tard, nouveau coup dans la poitrine : Nina, une petite fille souriante qui voulait SEULEMENT jouer avec son père, est transformée par ce monstre en chimère, issue de la fusion de son âme avec le corps du chien. Je ne vous raconte pas l’horreur de la scène, notamment lorsque la bête se met à parler et qu’Ed réalise qu’il a affaire à l’expérience d’un scientifique fou. C’est glaçant, surtout quand on connait le funeste destin de la chimère…

Pour des instants comme ceux-ci, qui restent gravés en mémoire, on a l’embarras du choix : les funérailles de Hughes, laissant derrière lui une femme, une petite fille et un meilleur ami éplorés, la calcination de ce qu’on croit être le corps de Maria Ross, la mort d’Envy et de Greed, le sacrifice d’Al pour sauver son frère, la transmutation forcée de Roy Mustang qui lui fait perdre la vue, la mort d’un Hohenheim enfin heureux… C’était plutôt intense. Tous les personnages sont attachants, des frères Elrich aux vilains homonculus qui représentent les 7 pêchés capitaux, en passant par les héros de Xing, Ling, Lan Fan et May Chan. La noblesse d’esprit du prince fait frémir tant elle est admirable : « Je suis le prochain empereur de Xing ! Si je rentre bredouille, comment croiser le regard de celle qui a sacrifié son bras pour moi ? Je veux protéger les miens ! Pour conquérir… je veux une force absolue ! » Chacun cherchant à s’octroyer la fameuse pierre philosophale, le saint Graal menant à l’immortalité, ils vont faire preuve d’ingéniosité pour ruser et se concerter en cachette, à l’abri de la garde du Führer corrompue. Des alliances se dessinent alors : Mustang épaulé par Hawkeye, les frère et sœur Armstrong, Ling et Greed qui ne font plus qu’un, May et Scar en fervents adeptes de l’élixirologie… Face à eux, les méchants se mobilisent et, il faut l’avouer, même si leur idéaux sont amoraux et qu’ils font passer leurs désirs de conquête du monde avant le reste… ils suscitent notre compassion. Leur condition d’immortels n’est-elle pas à plaindre ? Tout le monde cherche cette fichue pierre, quitte à sacrifier des vies. Mais, au final… n’est-ce pas là plutôt une punition ? Hohenheim le dit bien : il assiste impuissant aux guerres qui déchirent les hommes et à la mort de ses proches. Même Greed réalise qu’il est condamné à errer dans ce monde seul et Envy, qui ne vivait que pour attiser les haines, s’avère jaloux de l’espèce humaine. Ils prétendent ne pas comprendre l’empathie propre aux hommes, mais, vis-à-vis de leur créateur, de leur « papa » comme ils l’appellent, ils demeurent assez fidèles (si on écarte la rébellion de Greed).

En somme, l’animé fonctionne vraiment sur le principe de sacrifice et d’échange équivalent. Et ces valeurs sont visibles, notamment lorsqu’il s’agit de sauver la vie d’un être cher. Les frères Elrich sont prêts à se sacrifier tour à tour, Izumi tente de ressusciter le bébé qu’elle perdu, Riza s’engage à ne pas mourir pour Mustang,  Lan Fan renonce à son bras puis à son grand-père pour protéger le prince, May abandonne l’idée de sauver son peuple en perçant le secret de l’immortalité et, symboliquement, Winry confie sa vie à Ed. Ceci donnera d’ailleurs lieu à l’une des plus belles déclarations d’amour qu’il m’ait été donné de voir dans les animés, alambiquée certes, mais tellement drôle : Ed : « L’échange équivalent ! Je te donne la moitié de ma vie, alors donne-moi la moitié de la tienne ! » / Winry : « Mais pourquoi les alchimistes sont-ils comme ça ? Le principe de l’échange équivalent ? T’es vraiment stupide (bakaaa) ! Ma vie, je te la donne entièrement. » (GROS BLANC, *rougis*, *détourne le regard*, EMBARRAS suprême). Car oui, ce qui fait aussi la force de FMAB, c’est sa dose d’humour : on aime quand Ed se fait insulter de minus (sacré complexe qui le plonge dans une rage folle), quand Winry lui met une raclée parce qu’il a ENCORE cassé son automail, quand Izumi se revendique simple « femme au foyer » alors qu’elle est juste une machine de guerre, quand Olivier (c’est bien une femme, ne vous méprenez pas, même si son comportement atteste du contraire) recadre allégrement son frère et éconduit le respecté Mustang…

Et puis il y a la dimension davantage philosophique, qui mérite qu’on s’y intéresse un peu. Comme énoncé précédemment, la transmutation humaine est prohibée dans le monde de l’alchimie et ceux qui s’y risquent en paient le prix fort. Cette philosophie c’est celle de la Vérité, une sorte de Dieu omnipotent et omniscient, qui a pour principe de punir l’arrogance humaine, en retirant aux pécheurs ce qui leur tenait à cœur : « La Vérité est cruelle ! Aux présomptueux qui ont voulu contrer la mort pour retrouver la chaleur de leur mère, elle a pris à l’un sa jambe pour tenir debout et son frère unique, et à l’autre son corps tout entier pour qu’il ne puisse ressentir aucune chaleur. A celle qui voulait retrouver son enfant, elle a donné un corps stérile. Et à celui qui avait une vision du futur de ce pays, elle a pris la vue pour qu’il ne puisse jamais voir cet avenir se réaliser. Elle donne les désespoirs appropriés pour punir toute arrogance humaine. C’est sans doute là ce que vous, humains, appelez Dieu. » Ça me fait penser au karma bouddhiste ou à l’enfer judéo-chrétien réservé aux pécheurs. Mais, où est la justice dans cette punition d’ordre « divin » ? En effet, Mustang n’a jamais voulu réaliser la transmutation humaine : il a été contraint et a dû en payer les conséquences, à savoir vivre dans l’obscurité la plus totale. Si la Vérité cherche donc à empêcher l’arrogance, elle avouera plus tard au « petit être de la fiole » qu’un homme parfait n’est pas celui qui se débarrasse de ses passions, des 7 péchés capitaux. D’ailleurs, pour récupérer le corps de son frère, Ed va sacrifier la seule chose qui lui restait et qui était considérée comme la forme d’arrogance suprême : la Vérité Ultime, ses connaissances en matière d’alchimie. En faisant cela, il rappelle qu’il n’est qu’un simple humain qui pensait pouvoir tout résoudre grâce à la science. Et ce qui compte, au final, ce n’est pas tant d’avoir des pouvoirs, mais bien d’être en vie, entouré des gens qu’on aime. Cette leçon, elle aura été dure à assimiler, a nécessité beaucoup de sacrifices, mais, en fin de compte, c’est ce qui l’a rendue efficace. La vie est une sacrée donneuse de leçons. C’est dur, mais qu’est-ce qu’on apprend…

Pour finir, j’aimerais revenir sur la théorie qui dit que la « Vérité » de FMAB serait peut-être inspirée de la philosophie platonicienne. Pour Platon, il y a deux mondes distincts : le monde sensible, celui des apparences, et le monde intelligible, les Idées. Et, effectivement, quand les protagonistes sont confrontés directement à cette divinité, ils ont accès à une quantité de savoirs infinie, inaccessibles pour le commun des mortels. Au premier abord, c’est certes alléchant, mais l’omniscience semble aussi extrêmement douloureuse.  Et, pour en revenir à Platon, le fait que l’endroit où la Vérité reçoit les pécheurs soit complètement vide, d’un blanc immaculé, peut confirmer cette théorie. Dans ce monde supérieur, celui des Idées, il n’y a aucune place pour le matérialisme, les apparences. Alors tout est réduit au strict minimum : absence de couleur, silhouette humanoïde  qui n’a qu’une bouche pour parler, immense porte qui conduirait à toute la connaissance du monde. Ce monde intelligible, bien que convoité pour les secrets qu’il renferme, s’avère être un lieu profondément inhumain, dans la mesure où le corps d’Al se meurt un peu plus chaque jour. Les connaissances ne sauraient combler nos besoins les plus élémentaires ; parfois il faut savoir y renoncer pour enfin pouvoir goûter au bonheur.

Alors, oui, j’aimerais convaincre tous mes lecteurs de regarder cet animé assez court (64 épisodes) et riche en émotions. Avis à ceux qui pensent encore que les animés sont réservés aux enfants… observer Roy Mustang brûler vivants ses ennemis, qui poussent des cris de douleur insoutenables, est une expérience assez traumatisante. Surtout quand on sait qu’il inflige de tels dégâts en un claquement de doigt. En outre, chaque personnage s’engage dans une quête personnelle, muni de sa seule volonté et de son courage… et, finalement, tous les chemins s’entrecroisent pour mener à un objectif commun : l’ordre et l’harmonie, la victoire du bien contre le mal. En route, ils ont certes fait de nombreux sacrifices, mais, quand on voit l’effervescence que suscite la dernière transmutation d’Ed, on comprend qu’il a tout gagné : un monde sans magie est envisageable ; un monde sans ami relève de la tragédie.