langageducoeur

Critiques. Livres. Séries. Animés. Films.

Les Enfants de la mer : extase ou bad trip ? — 5 Août 2019

Les Enfants de la mer : extase ou bad trip ?

Synopsis :

Ruka vit avec sa mère, tout en se consacrant à sa passion, le handball. Hélas, elle se fait exclure de son équipe le premier jour des vacances et, furieuse, décide de rendre visite à son père, à l’aquarium où il travaille. Elle y rencontre Umi, qui semble avoir le don de communiquer avec les animaux marins, ainsi que l’énigmatique Sora. Devant le mystère que représentent ces deux garçons hors du commun, Ruka, fascinée, entreprend de percer le secret de l’univers, à mi-chemin entre la réalité et le surnaturel.

Les enfants de la mer

Critique :

Il y a des films qui ne sont pas évidents à critiquer, mais auxquels il faut tout de même s’attaquer. « Les enfants de la mer »… le plus beau film d’animation qu’il m’ait été donné de voir. Mais certainement le plus étrange aussi.

D’emblée, je peux vous l’annoncer : vous allez être subjugués. D’un point de vue purement artistique, les images sont à couper le souffle. Les fonds marins d’un bleu éclatant, le ciel étoilé, le crépuscule sur le littoral projetant une lumière rougeâtre, les animaux aquatiques et insectes minutieusement détaillés, les typhons et bulles qui valsent autour de nos personnages, le cosmos, les feux follets et météorites, la féérie du plancton bioluminescent. Cet animé est un hymne à la sauvegarde de la biodiversité. Prenez le temps d’admirer et d’apprécier la faune et la flore sous-marines, car elles n’ont jamais été aussi sublimées. Devant nos yeux émerveillés se déploie une fresque de couleurs, chatoyantes, diaprées, en un mot : magiques. Et dans ces paysages grandioses évoluent des personnages qui capturent notre regard, notamment lorsqu’il s’agit de la beauté angélique, presque surnaturelle, de Sora. Cheveux mi-longs blonds, grands yeux océan, peau d’albâtre, ce petit être malingre nous fascine. Sora signifiant « ciel » en japonais, il me fait penser à un cygne d’une élégance sans nom. Et puis, sillonnant les flots parmi ses compagnons aquatiques, on a Umi, « mer » en langue nippone, qui nous captive davantage de par ses talents de nageur que pour son apparence plus banale. Il y a aussi l’océanologue aux cheveux longs, à l’allure de junkie au prime abord, la jeune Ruka qui court dans tous les sens et dont les yeux changent selon le décor, Dede qui dénote de par sa laideur dans cet univers magnifique (désolée, mais on t’aime quand même). Et pourtant, parmi ces scènes majestueuses, on peut distinguer aussi des recoins plus sombres, des abysses inexplorés, l’imposante baleine qui avale tout sur son passage, mais aussi des animaux plus rares, inconnus d’un public tel que moi (je remercie l’expertise de mon meilleur ami qui a su mettre des noms là-dessus ; j’avais le droit à un documentaire animalier en live).

Bon, si le film est indéniablement un véritable chef-d’œuvre visuel... côté scénario, théories cosmologiques qui lient l’origine du Monde à la vie… c’est plus compliqué. Honnêtement, je suis certaine que l’analogie, et la réflexion qui en découle, doit être super intéressante. Le problème c’est qu’elle n’est pas suffisamment intelligible, à mon sens. Le film glisse vers un onirisme croissant, renforcé par les feux follets, les alternances jour/nuit, la présence de Sora et Umi, deux êtres en même temps si fragiles et si mystérieux… et ce merveilleux s’entremêle aux réflexions métaphoriques et philosophiques sur la place de l’Homme au sein de la nature, de l’univers, etc… Du coup, on se retrouve bouche bée devant un méli-mélo de couleurs et de tourbillons lumineux, sans trop comprendre le pourquoi du comment. L’émerveillement se mue alors en gros point d’interrogation, et on est comme dérouté par l’effet d’une quelconque drogue.

En somme, Sora et Umi deviennent davantage des guides spirituels pour la jeune Ruka, sur la route du pardon. Parce que oui, elle s’est vengée d’une camarade de classe en lui cassant le nez… Pas bien Ruka. Très colérique, boudeuse au début du film, elle prend conscience des enjeux bien supérieurs à ses caprices de gamine susceptible. Sora et Umi peuvent disparaître du jour au lendemain, ne laissant ainsi que des réminiscences derrière eux. Parce que, en définitive, ils n’appartiennent pas et n’ont jamais appartenu à ce monde ; ils sont des êtres semblables certes, mais différents aussi. Au final, seuls les souvenirs des uns et des autres les feront vivre et laisseront une trace de leur passage dans ce monde. Je vais reprendre les termes du journal « le Monde », parce que je crois qu’ils ont saisi l’essentiel : on comprend alors que « chaque être est dépositaire d’une part du cosmos, qui relie le plus infime de ses atomes aux plus hautes sphères du firmament. » Et toute l’animation abstraite, psychédélique même, tend à impressionner, dérouter, nous interroger sur notre place, aussi ridicule puisse-t-elle sembler, au sein de ce tout, de cette immensité qu’est l’univers. Cela dépasse peut-être notre entendement à l’échelle humaine, mais notre vie compte et peut faire la différence. Il ne faut pas la gâcher, jamais.

Si vous avez l’occasion de découvrir cette fable écologique et psychédélique, cet hymne à la nature, accompagné de la fabuleuse chanson de Kenshi Yonezu, « Spirits of the Sea », foncez. Faites comme moi, ne vous prenez pas la tête avec toute la réflexion sous-jacente du film, mais admirez en simplement le côté artistique. Retombez en enfance (vous savez, quand vous étiez encore innocents) et vos yeux s’écarquilleront devant la beauté d’un monde naturel, préservé momentanément de toute pollution humaine.

Fullmetal Alchemist Brotherhood : Hell for Sinners & Heroes — 24 Juil 2019

Fullmetal Alchemist Brotherhood : Hell for Sinners & Heroes

Synopsis :

Dans un vain espoir de ressusciter leur mère, Edward et Alphonse Elric utilisent une technique interdite relevant du domaine de l’alchimie : la transmutation humaine. Seulement, l’expérience tourne mal : Edward perd un bras et une jambe, Alphonse son corps, et son esprit se retrouve prisonnier d’une armure. Devenu un alchimiste d’Etat très puissant, Edward, surnommé « Fullmetal », se lance, avec l’aide de son frère, à la recherche de la pierre philosophale, leur seule chance de retrouver leur état initial…

67565718_1086495394893200_4132334708614758400_n

« Alors que les humains sont bien plus faibles que les homonculus, que ces mêmes humains peuvent faire fausse route ou être découragés, ils se relèvent toujours pour lutter. Ils s’entraident pour se relever. Et tu envies ces humains. […]

Nous sommes faibles et mortels, en effet. Mais ça nous pousse justement à lutter pour vivre et à devenir plus fort. Même si notre progression te semble inutile, à chaque pas, nous bâtissons quelque chose. Alors, les choses peuvent changer. Nous n’abandonnerons jamais ! Même si on nous piétine, même si nous tombons, nous nous relèverons encore et encore ! […]

Une leçon obtenue sans douleur n’apporte rien. Car l’être humain ne peut rien obtenir sans sacrifice. Mais lorsqu’il arrive à surmonter cette douleur, il devient invincible. Il obtient alors une âme puissante. Une âme Fullmetal. »

Critique :

ATTENTION COUP DE COEUR ! Ça arrive si peu qu’il faut le dire, le crier même. Fullmetal Alchemist est un animé dont vous ne sortirez pas indemne, je vous le garantis. Et pour cause : toutes les émotions sont au rendez-vous. Le rire. Les larmes. La joie. La haine. L’horreur. L’amour. Bref, mon cœur a fait des loopings et il est marqué indélébilement par la quête des frères Elrich.

Les gros point fort c’est le développement de l’animé, du point de vue de l’univers et des personnages. L’alchimie est une science ô combien intéressante, qui fonctionne sur le principe d’échange équivalent. Si elle permet de comprendre, décomposer et recomposer la matière, elle possède néanmoins des limites : il est impossible de créer à partir du néant. Pour obtenir quelque chose, il faut sacrifier autre chose en retour. Et ça, les frères Elrich l’ont appris à leurs dépens. Dès l’épisode 2, le spectateur est plongé dans l’horreur devant la cruauté de la situation. Pour retrouver leur mère décédée, les deux enfants vont violer le tabou suprême de l’alchimie, en ayant recours à une technique interdite appelée « transmutation humaine ». Dans le processus, Ed et Al perdent chacun quelque chose ; le premier son bras et sa jambe, le second son corps intégral. Dans un moment désespéré, l’aîné va tenter le tout pour le tout et sceller l’âme de son frère dans une armure, en hurlant des mots qui m’ont, personnellement, brisé le cœur : « Prenez ma jambe, mon bras, prenez même mon cœur ! Mais rendez-le moi ! C’est mon seul frère ! » Alors oui, forcément, dès le commencement j’ai su que je tenais là un sacré bijou. Quelques épisodes plus tard, nouveau coup dans la poitrine : Nina, une petite fille souriante qui voulait SEULEMENT jouer avec son père, est transformée par ce monstre en chimère, issue de la fusion de son âme avec le corps du chien. Je ne vous raconte pas l’horreur de la scène, notamment lorsque la bête se met à parler et qu’Ed réalise qu’il a affaire à l’expérience d’un scientifique fou. C’est glaçant, surtout quand on connait le funeste destin de la chimère…

Pour des instants comme ceux-ci, qui restent gravés en mémoire, on a l’embarras du choix : les funérailles de Hughes, laissant derrière lui une femme, une petite fille et un meilleur ami éplorés, la calcination de ce qu’on croit être le corps de Maria Ross, la mort d’Envy et de Greed, le sacrifice d’Al pour sauver son frère, la transmutation forcée de Roy Mustang qui lui fait perdre la vue, la mort d’un Hohenheim enfin heureux… C’était plutôt intense. Tous les personnages sont attachants, des frères Elrich aux vilains homonculus qui représentent les 7 pêchés capitaux, en passant par les héros de Xing, Ling, Lan Fan et May Chan. La noblesse d’esprit du prince fait frémir tant elle est admirable : « Je suis le prochain empereur de Xing ! Si je rentre bredouille, comment croiser le regard de celle qui a sacrifié son bras pour moi ? Je veux protéger les miens ! Pour conquérir… je veux une force absolue ! » Chacun cherchant à s’octroyer la fameuse pierre philosophale, le saint Graal menant à l’immortalité, ils vont faire preuve d’ingéniosité pour ruser et se concerter en cachette, à l’abri de la garde du Führer corrompue. Des alliances se dessinent alors : Mustang épaulé par Hawkeye, les frère et sœur Armstrong, Ling et Greed qui ne font plus qu’un, May et Scar en fervents adeptes de l’élixirologie… Face à eux, les méchants se mobilisent et, il faut l’avouer, même si leur idéaux sont amoraux et qu’ils font passer leurs désirs de conquête du monde avant le reste… ils suscitent notre compassion. Leur condition d’immortels n’est-elle pas à plaindre ? Tout le monde cherche cette fichue pierre, quitte à sacrifier des vies. Mais, au final… n’est-ce pas là plutôt une punition ? Hohenheim le dit bien : il assiste impuissant aux guerres qui déchirent les hommes et à la mort de ses proches. Même Greed réalise qu’il est condamné à errer dans ce monde seul et Envy, qui ne vivait que pour attiser les haines, s’avère jaloux de l’espèce humaine. Ils prétendent ne pas comprendre l’empathie propre aux hommes, mais, vis-à-vis de leur créateur, de leur « papa » comme ils l’appellent, ils demeurent assez fidèles (si on écarte la rébellion de Greed).

En somme, l’animé fonctionne vraiment sur le principe de sacrifice et d’échange équivalent. Et ces valeurs sont visibles, notamment lorsqu’il s’agit de sauver la vie d’un être cher. Les frères Elrich sont prêts à se sacrifier tour à tour, Izumi tente de ressusciter le bébé qu’elle perdu, Riza s’engage à ne pas mourir pour Mustang,  Lan Fan renonce à son bras puis à son grand-père pour protéger le prince, May abandonne l’idée de sauver son peuple en perçant le secret de l’immortalité et, symboliquement, Winry confie sa vie à Ed. Ceci donnera d’ailleurs lieu à l’une des plus belles déclarations d’amour qu’il m’ait été donné de voir dans les animés, alambiquée certes, mais tellement drôle : Ed : « L’échange équivalent ! Je te donne la moitié de ma vie, alors donne-moi la moitié de la tienne ! » / Winry : « Mais pourquoi les alchimistes sont-ils comme ça ? Le principe de l’échange équivalent ? T’es vraiment stupide (bakaaa) ! Ma vie, je te la donne entièrement. » (GROS BLANC, *rougis*, *détourne le regard*, EMBARRAS suprême). Car oui, ce qui fait aussi la force de FMAB, c’est sa dose d’humour : on aime quand Ed se fait insulter de minus (sacré complexe qui le plonge dans une rage folle), quand Winry lui met une raclée parce qu’il a ENCORE cassé son automail, quand Izumi se revendique simple « femme au foyer » alors qu’elle est juste une machine de guerre, quand Olivier (c’est bien une femme, ne vous méprenez pas, même si son comportement atteste du contraire) recadre allégrement son frère et éconduit le respecté Mustang…

Et puis il y a la dimension davantage philosophique, qui mérite qu’on s’y intéresse un peu. Comme énoncé précédemment, la transmutation humaine est prohibée dans le monde de l’alchimie et ceux qui s’y risquent en paient le prix fort. Cette philosophie c’est celle de la Vérité, une sorte de Dieu omnipotent et omniscient, qui a pour principe de punir l’arrogance humaine, en retirant aux pécheurs ce qui leur tenait à cœur : « La Vérité est cruelle ! Aux présomptueux qui ont voulu contrer la mort pour retrouver la chaleur de leur mère, elle a pris à l’un sa jambe pour tenir debout et son frère unique, et à l’autre son corps tout entier pour qu’il ne puisse ressentir aucune chaleur. A celle qui voulait retrouver son enfant, elle a donné un corps stérile. Et à celui qui avait une vision du futur de ce pays, elle a pris la vue pour qu’il ne puisse jamais voir cet avenir se réaliser. Elle donne les désespoirs appropriés pour punir toute arrogance humaine. C’est sans doute là ce que vous, humains, appelez Dieu. » Ça me fait penser au karma bouddhiste ou à l’enfer judéo-chrétien réservé aux pécheurs. Mais, où est la justice dans cette punition d’ordre « divin » ? En effet, Mustang n’a jamais voulu réaliser la transmutation humaine : il a été contraint et a dû en payer les conséquences, à savoir vivre dans l’obscurité la plus totale. Si la Vérité cherche donc à empêcher l’arrogance, elle avouera plus tard au « petit être de la fiole » qu’un homme parfait n’est pas celui qui se débarrasse de ses passions, des 7 péchés capitaux. D’ailleurs, pour récupérer le corps de son frère, Ed va sacrifier la seule chose qui lui restait et qui était considérée comme la forme d’arrogance suprême : la Vérité Ultime, ses connaissances en matière d’alchimie. En faisant cela, il rappelle qu’il n’est qu’un simple humain qui pensait pouvoir tout résoudre grâce à la science. Et ce qui compte, au final, ce n’est pas tant d’avoir des pouvoirs, mais bien d’être en vie, entouré des gens qu’on aime. Cette leçon, elle aura été dure à assimiler, a nécessité beaucoup de sacrifices, mais, en fin de compte, c’est ce qui l’a rendue efficace. La vie est une sacrée donneuse de leçons. C’est dur, mais qu’est-ce qu’on apprend…

Pour finir, j’aimerais revenir sur la théorie qui dit que la « Vérité » de FMAB serait peut-être inspirée de la philosophie platonicienne. Pour Platon, il y a deux mondes distincts : le monde sensible, celui des apparences, et le monde intelligible, les Idées. Et, effectivement, quand les protagonistes sont confrontés directement à cette divinité, ils ont accès à une quantité de savoirs infinie, inaccessibles pour le commun des mortels. Au premier abord, c’est certes alléchant, mais l’omniscience semble aussi extrêmement douloureuse.  Et, pour en revenir à Platon, le fait que l’endroit où la Vérité reçoit les pécheurs soit complètement vide, d’un blanc immaculé, peut confirmer cette théorie. Dans ce monde supérieur, celui des Idées, il n’y a aucune place pour le matérialisme, les apparences. Alors tout est réduit au strict minimum : absence de couleur, silhouette humanoïde  qui n’a qu’une bouche pour parler, immense porte qui conduirait à toute la connaissance du monde. Ce monde intelligible, bien que convoité pour les secrets qu’il renferme, s’avère être un lieu profondément inhumain, dans la mesure où le corps d’Al se meurt un peu plus chaque jour. Les connaissances ne sauraient combler nos besoins les plus élémentaires ; parfois il faut savoir y renoncer pour enfin pouvoir goûter au bonheur.

Alors, oui, j’aimerais convaincre tous mes lecteurs de regarder cet animé assez court (64 épisodes) et riche en émotions. Avis à ceux qui pensent encore que les animés sont réservés aux enfants… observer Roy Mustang brûler vivants ses ennemis, qui poussent des cris de douleur insoutenables, est une expérience assez traumatisante. Surtout quand on sait qu’il inflige de tels dégâts en un claquement de doigt. En outre, chaque personnage s’engage dans une quête personnelle, muni de sa seule volonté et de son courage… et, finalement, tous les chemins s’entrecroisent pour mener à un objectif commun : l’ordre et l’harmonie, la victoire du bien contre le mal. En route, ils ont certes fait de nombreux sacrifices, mais, quand on voit l’effervescence que suscite la dernière transmutation d’Ed, on comprend qu’il a tout gagné : un monde sans magie est envisageable ; un monde sans ami relève de la tragédie.

Parasite, la maxime : un animé qui se dévore — 2 Juin 2019

Parasite, la maxime : un animé qui se dévore

Synopsis :

De mystérieuses créatures ont colonisé la Terre en prenant possession de certains habitants. Un lycéen, Shin’ichi, a été contaminé, mais son cerveau est épargné. Seul son bras droit est possédé par un parasite, Migi, qu’il apprend peu à peu à connaître. Tous deux doivent désormais cohabiter, mais dans le même temps, Shin’ichi comprend que la prolifération des parasites menace, à terme, l’espèce humaine.

parasite

« J’ai cherché la définition d’un démon. Je pense que la créature qui s’en rapproche le plus est l’homme. » (Migi)

Critique :

Un animé qui met en avant les travers et les qualités de l’espèce humaine, ça fait du bien. Redescendons de notre piédestal : l’homme ici n’est plus au sommet de la chaîne alimentaire, puisqu’il se fait dévorer par une nouvelle espèce appelée « Parasites ».

En quoi les parasites diffèrent-ils des humains ? La réponse n’est pas si évidente. Si les deux espèces se détestent et ne se comprennent manifestement pas, leur but final reste similaire : survivre. D’ailleurs, l’évolution de Shin’ichi en témoigne : lui qui voulait éliminer tous les parasites, y compris celui qui réside dans son propre corps, change radicalement d’avis à leur sujet. Face à Goto, ennemi le plus puissant qu’il ait à combattre, il réalise qu’une espèce ne vaut pas nécessairement mieux qu’une autre. En effet, les hommes sont fondamentalement égoïstes : ils ont affirmé leur supériorité sur la nature, sans que ce pouvoir soit toujours justifié, voire légitimé. Pour Migi, l’homme s’apparente davantage au démon, car il est le seul à tuer et manger toutes les autres espèces. Quand on évoque les spécificités humaines, on met souvent en avant la conscience, la morale et le libre-arbitre. Qu’en est-il d’un individu qui possède toutes ces facultés et est pourtant capable, sciemment, de faire le mal plutôt le bien ? Pour certains, faire ce choix serait synonyme de liberté ; en réalité, il est surtout vecteur d’aliénation, car le pire danger, me semble-t-il, réside dans la mauvaise conduite de notre raison.

Les Parasites sont montrés du doigt et considérés comme des monstres sanguinaires. Or, eux sont convaincus que la Terre a en fait été empoisonnée par les humains et qu’ils en sont l’antidote. Ils auraient été envoyés ici-bas pour rétablir l’équilibre et éradiquer la menace qui pèse sur notre écosystème. N’est-ce pas là le principe même de la sélection naturelle qui est à l’œuvre ? Survivent les espèces qui sont les mieux adaptées. En l’occurrence, ici, les Parasites sont physiquement bien plus robustes que les hommes : plus rapides, plus agiles, plus forts, ils sont devenus les chasseurs qui traquent leurs proies humaines. Quelle ironie que la société soit horrifiée devant ce régime alimentaire… En mangeant les animaux, ne fonctionnons-nous pas pareil ? (loin de moi l’idée d’inciter au véganisme).  Au final, les Parasites se comportent comme nous ; ils privilégient leur intérêt personnel et satisfont d’abord leurs besoins vitaux. D’ailleurs, il est intéressant de souligner que l’animé ne présente pas de scènes de cannibalisme. A aucun moment, les Parasites ne se dévorent mutuellement : ils sont carnivores et se contentent de manger les autres espèces (humains ou animaux). Bref, vous l’aurez compris, ils sont comme nous. 

Le personnage d’Uragami, le tueur en série, est la preuve qu’un monstre peut sommeiller en chacun de nous. En outre, son rôle permet de montrer que la frontière entre Parasites et humains est bien plus mince qu’elle n’y parait. Doté d’une sensibilité (facultés télépathiques) lui permettant de distinguer les espèces, il n’hésite pas à les confondre volontairement pour induire les forces de l’ordre en erreur et les pousser à tuer des innocents. Si on peut y déceler les motivations macabres d’un psychopathe, on doit s’interroger néanmoins sur la pertinence de cette distinction binaire. L’animé a vocation à rejeter ce manichéisme qui opposerait clairement  le bien et le mal. L’homme est un être duel, capable du meilleur comme du pire. De ce fait, Uragami prend un malin plaisir à confondre / associer les deux espèces que l’on voudrait différentes. S’il suivait toutes ses pulsions, l’homme serait aussi dangereux, voire pire que les Parasites, dans le mesure où il n’hésite pas à massacrer ses congénères pour satisfaire ses desseins. D’ailleurs, les forces de l’ordre font beaucoup de victimes collatérales durant l’opération d’éradication des Parasites et ne semblent pas s’en émouvoir. Nous n’avons pas besoin de désigné des monstres, nous le sommes déjà. Même quelques rares humains décident de se rallier à la cause des « envahisseurs », estimant qu’ils sont simplement des « plus qu’humains ». J’apprécie cette expression qui est assez éloquente parce qu’elle n’insiste pas sur les différences mais bien sur le fonctionnement similaire des deux espèces.

Par ailleurs, dire que cet animé ne fait que la satire de l’être humain est trop réducteur et extrême. Si Schin’ichi a parfois tendance à se déshumaniser, symbolisé notamment par le fait qu’il ne puisse plus pleurer pour exprimer sa tristesse, Ryoko essaie de s’humaniser. D’une part, elle s’adapte à ce monde en s’appropriant la capacité de rire, de travailler et de se reproduire. Elle a une réflexion typiquement humaine : elle se pose des questions sur son origine, son identité et sa finalité. Alors qu’au départ elle rejette son bébé et semble adhérer à la théorie du « gène égoïste », selon laquelle les êtres vivants aimeraient leur enfant uniquement par volonté de transmettre leurs gênes, elle finit par reconnaître que l’être humain est contrôlé par autre chose que le cerveau : le cœur. Aussi imprévisible soit le sentiment, il permet se surpasser et de se battre pour ceux qu’on aime. Et la Parasite en fait l’expérience : elle protègera son bébé jusqu’aux portes de la mort. La maternité est une donnée importante dans l’animé, qui nous montre qu’une mère reconnaît toujours son enfant (cf. la Parasite démasquée) et que celui-ci a toujours besoin de ses parents (cf. Shin’ichi qui pleure la mort de sa mère).

On peut également mentionner les diverses relations qu’entretient le héros avec son entourage. Deux filles gravitent autour lui : Murano, la fille qu’il aime, et Kana, celle qui l’aime. Un triangle amoureux qui souligne deux perceptions différentes. Alors que Murano est lucide quant au changement de Shin’ichi et le lui reproche, Kana l’idéalise tellement qu’elle refuse d’y croire. Parce qu’elle peut l’identifier au loin, elle pense être connectée à lui et n’envisage pas sa différence comme une menace. Au contraire, elle admire son courage et garde l’espoir qu’il comprenne qu’ils sont faits l’un pour l’autre. Cela étant, quand Kana est en danger, il arrive trop tard, au grand damn de Mitsuo, la petite racaille du coin. Ma scène préférée est celle de la confrontation entre Shin’ichi et celui-ci : Mitsuo est désemparé par la mort de Kana et reproche à notre héros d’avoir failli à la protéger. Tragique dans le sens où la jeune fille a rejeté celui qui l’aimait vraiment pour s’éprendre de quelqu’un dont le cœur est déjà pris. De plus, Shin’ichi met le doigt sur une vérité pourtant si évidente et difficile à accepter : la vulnérabilité humaine. Alors que sa puissance est exacerbée, il demande : « Comment peux-tu être à terre si facilement ? » Cette question fera écho aux propos de Ryoko qui expliquait que les Parasites, malgré leur force physique, sont de « frêles créatures ». Les humains, comme les autres espèces, sont limitées dans leur champ d’actions, car rattrapées par des faiblesses.

C’est justement pour pallier ces défectuosités que Shin’ichi doit s’allier à Migi. Fin stratège, il se cultive pour comprendre le monde qui l’entoure. De ce fait, il est à la fois clairvoyant vis-à-vis des Parasites mais aussi des humains. En revanche, certaines notions lui échappent. Par exemple, il ne peut envisager le dévouement, complètement inconditionnel et désintéressé. Agir pour autrui sans en attendre quelque chose en retour… c’est proprement humain. Les Parasites pensent avant tout à leur survie et il est naturel pour eux de manger l’homme. Cependant, Migi se révèle être un allié essentiel pour Shin’ichi, voire un ami sur qui il peut compter. Il le protège des autres Parasites, il fait repartir son cœur en lui administrant de l’eau et du sucre… Même s’il prétend le faire par intérêt, parce qu’il a besoin de cette enveloppe charnelle, on comprend vite qu’il s’est attaché à cet humain qui lui donne parfois du fil à retordre. Et puis, il faut bien l’avouer, Migi a un certain charme quand on apprend à mieux le connaître. Surtout quand il découvre les joies d’une bonne branlette hein… (il fallait bien une touche de folie dans ce monde de brutes).

Dans l’ensemble, j’ai beaucoup aimé l’univers de cet animé. Le seul personnage qui m’insupporte c’est Murano. Elle passe sa vie à fuir un Shin’ichi qui rame en amour et est confronté à la mort de ses proches, puis soudain elle revient vers lui et déclare : « viens chez moi, il n’y a personne. » Dans l’intimité d’une chambre, il lui déclare sa flamme et elle lui répond que sa déclaration a le mérite d’être concise et efficace. Où est la réciprocité là-dedans ? Il faudra attendre le dénouement pour qu’elle se démarque, prête à se sacrifier en affirmant l’humanité de son héros. De plus, je me suis aussi interrogée sur certains messages véhiculés à travers les vêtements des protagonistes. Par exemple, Shin’ichi arbore un sweat-shirt avec écrit « philo sophia » dessus (celui qui aime la sagesse) quand il réalise qu’une espèce ne vaut pas mieux qu’une autre. L’analyser selon nos propres critères, c’est faire preuve de prétention, d’anthropomorphisme et d’anthropocentrisme ; au mieux, les espèces cohabitent sans s’entre-dévorer, mais il n’y a là aucune compréhension à l’œuvre. Un animal est un animal. Lui donner des qualités dites « humaines », c’est nier ses spécificités. De la même manière, il est intéressant de constater qu’Uragami porte une casquette avec inscrit « maxime » dessus, en référence au titre de l’animé. Ce terme désigne une règle de conduite et un principe moral. Or, Uragami incarne l’homme le moins vertueux de l’histoire. Pour autant, il clame être le « plus humain », le seul qui suit son instinct de tueur dans une société qui le réprime. Finalement, comme le dit Ryoka, « les Parasites ne sont que les enfants de la race humaine. » A leur image, nous serions donc naturellement égoïstes, mais, en raison du « faire société », nous deviendrions plus moraux et altruistes. On peut faire un parallèle avec le principe de l’insociable sociabilité chez Kant, qui va conduire les hommes à passer de l’intérêt privé à l’intérêt commun. C’est le rapport à autrui qui fonde ma responsabilité et m’élève vers une dimension morale. 

Psycho-Pass : Sinners of the System (3) — 18 Mai 2019

Psycho-Pass : Sinners of the System (3)

Synopsis :

  1. Crime et Châtiment

Hiver 2117, un véhicule en fuite s’écrase contre l’édifice du Bureau de la Sécurité Publique. La chauffeuse est identifiée comme Izumi Yasaka, une conseillère psychologique de Sanctuary, un centre d’isolement de criminels latents situé dans la préfecture d’Aomori. Mais juste avant son interrogatoire, l’inspectrice Mika Shimotsuki et l’exécuteur Nobuchika Ginoza sont chargés d’escorter rapidement Yasaka à Aomori…

2.  Le premier gardien

Quelle est la vérité derrière l’opération Footstamp ? 2112, l’été avant qu’Akane Tsunemori soit affectée à la division 1 des enquêtes criminelles du Bureau de la Sécurité Publique, Teppei Sugo, un pilote accompli des forces spéciales de l’Armée japonaise, se joint à l’opération militaire d’Okinawa. Trois mois plus tard, un drone de combat sans pilote ouvre le feu sur le ministère de la Défense à Tokyo. Le détective Tomomi Masaoka de la division 1 du BSP est envoyé à la base militaire de Sugo pour enquêter sur la vérité derrière cette affaire.

3. Par-delà l’amour et la haine

A la suite de l’incident survenu en 2116 dans l’Union de l’Asie du Sud-Est, Shinya Kogami reprend son périple. Dans une petite nation du sud-asiatique, Kogami sauve un bus de réfugiés attaqué par des guérilleros. Parmi les réfugiés se trouve une adolescente du nom de Tenzin, qui supplie Kogami de lui apprendre à se battre pour se venger…

Critique :

J’ai visionné les 3 films à l’occasion d’un marathon organisé par mon cinéma et je dois bien avouer avoir été séduite par chacun d’entre eux. Trois affaires, des personnages principaux diversifiés, des références aux saisons précédentes… tout y était. En revanche, j’ai été surprise de constater qu’Akane, héroïne du manga original, a été reléguée au second plan et est quasiment absente. Dans ces films, certains personnages, comme Kagari et Masaoka, sont ramenés à la vie le temps de flashbacks, et Makishima apparaît comme un revenant hantant la conscience de Kogami.

Chaque épisode interroge les travers de la société et la controverse qu’elle peut susciter. Et c’est ce que j’aime tant à propos de Psycho-Pass : la satire d’un monde que l’on voudrait parfait, régi par un système qui contrôle les individus, et qui s’avère finalement ô combien imparfait… En résumé, les films s’attaquent à des organisations censées garantir la paix et la protection des citoyens : un centre de criminels latents, l’Armée, l’ONU. Si leurs objectifs semblent à première vue louables, on se rend vite compte que cette société est corrompue par les intérêts personnels.

Ainsi, le premier film se concentre sur la notion de « conscience collective » et d’inertie des masses. Habile oratrice, la directrice de ce centre contrôle les criminels en leur retirant la capacité de réfléchir par eux-mêmes. Du coup, ils ne s’interrogent plus et obéissent aveuglément aux ordres qu’on leur donne. D’ailleurs, cette inutilisation de leur cortex cérébral et des dégâts causés est renforcée par le personnage d’Izumi, qui perd progressivement l’usage de la parole. Comme disait Boileau, « selon que notre idée est plus ou moins obscure, l’expression la suit, ou moins nette, ou plus pure. Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement, et les mots pour le dire viennent aisément. » Ici, la jeune femme privée de sa conscience personnelle serait donc incapable d’émettre le moindre jugement critique. Néanmoins, contrairement aux autres qui semblent complètement endormis et abrutis par le traitement administré, Izumi a réussi à préserver une partie d’elle-même : elle doit tout faire pour sauver l’enfant qu’elle a élevé et se rebeller contre les scientifiques qui les exploitent. Pour la directrice, une évidence s’impose : le rachat, la rédemption des criminels est impossible. Ils ne sont que des déchets bons à jeter une fois devenus inutilisables. Mika, quant à elle, tente désespérément de leur prouver que, conscience collective ou pas, ils doivent se battre pour l’intérêt commun et s’affranchir de leurs bourreaux. Si, au début, l’enquêtrice est prête à appliquer le jugement de Sybil à la lettre et éliminer les criminels latents, au contact d’Izumi, elle prend conscience que certains d’entre eux peuvent être motivés par des raisons plus nobles et que son but ultime est de protéger ces qualités humaines. On discerne alors une véritable évolution du personnage qui avait tendance à être une fervente défenseuse du système. Là où Akane le remettait en doute et frisait l’insubordination, Mika a toujours été convaincue que la justice établie par Sybil est idéale et infaillible. La question d’une possible rédemption est aussi soulignée par le duel opposant Ginoza à l’un des assassins et pionniers du centre. Alors que ce dernier insiste sur leurs talents de tueurs, l’exécuteur est soucieux de rétablir la justice en bonne et due forme. De plus, dans un instant de remise en question, Ginoza choisit la mort car il doute être digne d’expier ses péchés, lui qui a vu son Psycho Pass s’assombrir à la suite de la mort de son père. Heureusement, il sera sauvé in extremis par ses camarades, symbolisés par l’illusion de Kogami.

Cette soudaine apparition fait écho au troisième film centré sur l’ancien exécuteur et partenaire d’Akane. Force est de constater que Kogami aussi a bien évolué : suite au meurtre de Makishima, il a pris la résolution de ne plus jamais suivre une vendetta personnelle et tuer un individu. Du coup, on le retrouve sauvant des réfugiés d’une guérilla dans le somptueux paysage du plateau Tibétain. Les gratte-ciels japonais, leur couleur bleutée et les technologies ultramodernes témoignaient déjà de la prouesse esthétique qu’est l’animé… attendez de voir ce lieu naturel d’une beauté à couper le souffle. Contrastant avec le monochrome de la City japonaise, ce paysage regorge de couleurs chatoyantes et de diversité culturelle. Et c’est dans ce cadre isolé, coupé de toute avancée technologique et ancré dans la tradition, que Kogami rencontre Tenzin. Immédiatement, l’adolescente révèle ses intentions : retrouver l’assassin de sa famille et lui faire payer. Si le jeune homme consent à l’entraîner, il se jure de l’empêcher d’accomplir son dessein, lui qui sait mieux que quiconque à quel point la vengeance peut être destructrice. On constate un réel décalage entre la vision des deux personnages : Tenzin idéalise son maître, admire son courage et sa force, alors que Kogami tente de ne pas se laisser rattraper par les démons du passé. D’ailleurs, preuve d’une volonté de changement, il a renoncé à son Dominator, caractéristique de sa fonction d’exécuteur, pour le remplacer par un fusil ou un revolver. Néanmoins, ce qui devait arriver arriva et Tenzin est blessée par le commandant qui dirige les troupes de l’ONU. Kogami voit rouge : jamais il ne laissera passer pareille trahison. Il retombe alors dans ses travers et abat, au terme d’un lutte acharnée, cette figure respectée.

Ainsi, qu’il s’agisse de Kogami ou de Ginoza, on voit bien que les exécuteurs ne sont pas de simples soldats fidèles au système, mais bien des êtres humains dotés d’un certain sens moral. D’ailleurs, dans le second film, c’est bien l’obéissance aveugle qui est questionnée. D’un côté, on a Teppei Sugo, pilote au sein l’Armée, qui, sans le savoir, conduira son bataillon à sa perte. Obéissant à sa hiérarchie, il se voit contraint de larguer une arme chimique, qu’il pensait être du matériel de sauvetage, en pleine opération militaire, causant la mort de tous ses camarades. De l’autre, Masaoka, détective du BSP, interroge la pertinence de l’obéissance à un système qui exige de tuer. Selon lui, il est dangereux de faire confiance à des machines coupées de toute réflexion humaine. Comme on l’a déjà vu au cours de l’animé, la justice établie par Sybil se veut absolue, infaillible et incontestable. Or, l’appliquer à la lettre c’est nier la singularité humaine : comment distinguer les criminels irrécupérables des victimes du système ? Par exemple, un traumatisme peut, à l’occasion, assombrir le Psycho Pass… Est-ce une raison suffisante pour éliminer un individu ? Sur la base d’un potentiel risque et passage à l’acte, on le juge expressément sans prendre en considération ses motivations. L’homme est par nature imprévisible ; donc vouloir rendre une justice universalisable est un contresens.

En bref, j’ai adoré ces trois films pour la qualité des graphismes, la maîtrise des combats au corps à corps, l’évolution des personnages et les réflexions qu’ils peuvent susciter. Ici, je ne propose qu’une lecture partielle, centrée sur certains aspects, mais, vu la richesse de l’animé, il serait possible de l’analyser des heures durant. Je les recommandes vivement à tous ceux qui ont déjà visionné les deux saisons nécessaires pour comprendre les références.

Charlotte : quand l’avenir ne dépend que d’un adolescent — 19 Avr 2019

Charlotte : quand l’avenir ne dépend que d’un adolescent

charlotte
Synopsis :

Yû Otosaka, jeune étudiant, est doté de pouvoirs surnaturels : il peut posséder n’importe qui dans son champ de vision pendant cinq secondes. Utilisant son pouvoir pour tricher aux examens, il se fait repérer par Nao Tomori, elle aussi détentrice d’un pouvoir étrange et membre du conseil des élèves de la prestigieuse académie Hoshinômi. Ces pouvoirs, qui émergent pendant la période de l’adolescence et disparaissent à l’âge adulte, touchent un certain nombre de jeunes sous une forme bénigne, maîtrisée ou encore dangereuse. Leurs origines sont cependant inconnues, et peu de gens en dehors des détenteurs en connaissent l’existence. Néanmoins, ces adolescents sont fortement recherchés par plusieurs groupes de scientifiques souhaitant les utiliser comme cobayes. Après son transfert, la nouvelle mission de Yû au sein du conseil étudiant de Hoshinômi sera de protéger les autres jeunes de son âge en les avertissant de la dangerosité de l’utilisation de leurs abilités.

Critique :

Honnêtement, j’ai trouvé le début de l’animé assez enfantin et banal. Yu abuse de ses capacités pour tricher, jusqu’à ce qu’il se fasse prendre en flagrant délit par Nao. Là, la jeune fille ne lui laisse pas le choix et le force à intégrer une école spéciale pour les ESPers, ces adolescents possédant des dons imparfaits. Nao peut devenir invisible, mais pour une seule personne, Yusa partage son corps avec sa sœur jumelle Misa, décédée plusieurs années auparavant, Ayumi, la petite sœur de Yû, possède un pouvoir de rupture qui démolit tout sur son passage… Bref, la discrétion n’est pas leur fort et la menace plane sur cette jeunesse contaminée par des particules libérées par la comète « Charlotte ». Contre toute attente, leur pouvoir n’est pas un don à proprement parlé mais bien une maladie qu’il faut empêcher de se propager.

Yû c’est ce tricheur égocentrique qui dépendait des soins de sa petite sœur et laissait Nao se faire tabasser par d’autres filles sous ses yeux. Heureusement, son personnage évolue et l’intrigue prend un véritable tournant à partir de l’épisode 7. Suite à la mort d’Ayumi, Yû sombre dans la dépression et devient agressif. C’est à partir de ce moment là que j’ai vraiment commencé à apprécier l’animé. Nao va le sauver de lui-même en lui redonnant une raison de vivre : aider les autres. Ainsi, Yû fait de nouvelles rencontres qui vont changer sa vie, pour mon grand bonheur. On se détache des personnages trop excentriques comme Yusa et Jojiro, qui sont souvent insupportables, et on découvre des protagonistes plus charismatiques. Parmi eux, j’ai retenu Sara Shane, la chanteuse malvoyante aux cheveux flamboyants qui parvient à communiquer diverses émotions avec sa seule voix, Kumagami, le radar à ESPers, et Shun, le grand frère de Yû. Ces deux derniers forment un duo de meilleurs amis exemplaire : Shun, dans une volonté de créer des écoles spécialisées pour protéger les ESPers, a remonté le temps et a ainsi définitivement perdu la vue. Heureusement, Kumagami est devenu son bras droit, ses yeux dans l’obscurité, celui qui agit pendant que son ami réfléchit. Tous deux sont motivés par un altruisme et un sens du sacrifice admirables. Aussi, quand Kumagami donne sa vie pour sauver Nao, mon cœur s’est brisé en même temps que celui de Shun.

Dans la dernière partie, Yû découvre la véritable nature de ses pouvoirs : il peut voler et s’approprier irrévocablement le don des autres. Source de convoitises, il prend alors conscience de la mission qui l’incombe : sauver l’humanité. Pour ce faire, il va parcourir le monde entier pour voler les pouvoirs de tous les ESPers, quitte à y laisser son âme. Ainsi, il devient si surpuissant qu’il se déshumanise et est surnommé « Shinigami », le faucheur borgne. Craint par tous et perdant la mémoire, seules les fiches de Nao, véritable totem pour lui, représentent son point d’ancrage dans la réalité. Il sait, au fond de lui, qu’elle l’attend  et qu’ils ont un avenir à bâtir ensemble.